Journal 2003-2011

Tome IV

par Richard Millet

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600 pages, 32 €


 

Écrivain majeur, éditeur efficace, son excommunication littéraire sera décidée de manière fulgurante, neuf ans plus tard, mais dès son entrée « chez Gallimard », Richard Millet l’anticipe, la redoute : « Ils aimeraient que je les haïsse pour entrer avec moi dans une logomachie où ils me terrasseraient… » Alors que paraît Ma vie parmi les ombres, le quatrième tome de ce Journal (2003-2011) témoigne de la fragilité de sa situation et de ce précoce sentiment de n’être pas à sa place au fameux comité de lecture, le « saint des saints », une position « des plus exposées, jalousées, “politiques” » dont fatalement il devra être écarté. « Chaque fois que j’entre dans le hall de Gallimard, il me semble qu’on va m’indiquer les communs, ou me chasser. Toujours ce sentiment d’être déplacé, partout, même au collège, au restaurant – jusque dans l’existence. » Dans ce que Sollers appelle « la Banque centrale » de la littérature, il relève, lui, que c’est ici-même que l’on fabrique la « fausse monnaie » : une « écriture pour tous » (donc pour personne). « Qui a lu Faulkner ? Personne pour en parler », chez Gallimard, et « avec qui parler de Jouve, par exemple, de Bousquet, de Scève, de Bossuet, Maistre, Chesterton, S. Weil », là « il n’est presque plus question de littérature », et le sentiment de la langue s’efface, lui aussi. En août 2006 son travail avec Jonathan Littell sur Les Bienveillantes obtient un « extraordinaire succès » d’éditeur et finalement le prix Goncourt, mais Millet enfreint la « loi du silence » de ce milieu éditorial « consanguin, népotiste, corrompu » d’abord dans un livre d’entretiens (2005) puis dans deux essais de critique littéraire ou « démonologie », Désenchantement de la littérature (2007) et L’Opprobre (2008), qui ne passent pas inaperçus, chez Gallimard : « Vous avez donné des noms ; vous allez le payer, hélas », lui avait prédit Sollers.
OV.


« Le cœur du système éditorial français. C’est si peu de choses, aujourd’hui. Ombres et vaines gloires. Gestion patrimoniale et fabrication de fausse monnaie. Propagande, comme dans la presse et à l’université. Les publicitaires sont les vrais maîtres du langage. Ils n’ont même plus besoin de la presse. »

Richard Millet.

 

« Toute la racaille moderne me fait horreur. Vos académiciens, horreur. Vos libéraux, horreur. La vertu, horreur. Le vice, horreur. Le style coulant, horreur. Le progrès, horreur. Ne me parlez plus des diseurs de rien. »

Charles Baudelaire.

 

C’est le porte-parole des humiliés, des offensés, des oubliés de la société.

Franz-Olivier Giesbert
Revue des deux mondes.

 

Notre Soljénitsyne.

Romaric Sangars
L’Incorrect.