Bat Ye’or
Bat Ye’or, fille du Nil, « une Cassandre, un esprit courageux et clairvoyant », a consacré sa vie à étudier et à comprendre la condition des Juifs et des chrétiens sous l’Islam, après avoir été expulsée par Nasser de son pays natal, l’Égypte, en même temps qu’une communauté de trois millénaires.
Ses livres ont été publiés en anglais, allemand, espagnol, français, hébreu, italien, néerlandais, russe… Elle fut auditionnée par le Congrès américain, et participa à de nombreux colloques internationaux en Europe et en Amérique, où elle a fait connaître les mots « dhimmi », « dhimmitude » et « Eurabia ». Depuis une quinzaine d’années elle a concentré sa méthode d’investigation sur l’étude des relations institutionnelles euro-arabes et leurs implications politiques (et religieuses) largement ignorées des médias. En racontant elle-même l’histoire de sa vie (Autobiographie politique. De la découverte du dhimmi à Eurabia, 2018), elle éclaire celle de notre civilisation aux prises avec le refus de savoir, les défis de l’obscurantisme et la lâcheté.
Mais les explorations historiques ne permettent pas entièrement d’élucider les événements ni de capter leur énergie : il faut rendre compte de la vie intérieure de ceux qui les provoquent ou les subissent et de leurs relations au sein de la société. Dans Le dernier khamsin (roman, 2019), Bat Ye’or revenait sur sa jeunesse et l’expulsion des Juifs d’Égypte par Nasser en 1956. À présent c’est la longue histoire du siècle précédant ces événements qu’elle nous raconte avec une fresque en trois volumes, « Bien-aimés les souffrants… », qui commence en 1818 au Caire (premier roman à paraître en septembre 2020 : Moïse, 1818-1882) et s’achèvera quand débuteront les premières guerres israélo-arabes. Les conflits, les décisions vitales et politiques, les exils et les retours en effet ne sont pas l’affaire d’une seule génération et ils ne se laissent saisir qu’à l’affut de la vie secrète des peuples, à travers la transmission, l’évolution et le conflit de leurs valeurs sur plusieurs générations.
• À propos de Bat Ye’or,
cf. l’article de Jean Birnbaum dans Le Monde, au lendemain des attentats des 7-8 janvier 2015 : « Houellebecq et le spectre du califat »
et la réponse de l’éditeur : « Ceci n’est pas un roman de Houellebecq ».
• Trois ans après, contre toute attente, Jean Birnbaum dans Le Monde du 14-15 février 2018 persiste et signe.
• Heureusement d’autres analyses plus raisonnables ont été publiées par :
Alexis Lacroix dans L’Express,
Valérie Toranian dans La Revue des deux mondes,
Sébastien Lapaque dans Le Figaro,
Jean- Yves Camus, dans l’Arche,
Franz-Olivier Giesbert dans Le Point,
Renée Fregosi dans Causeur, etc.
« Une (trop ?) grande modestie et une timidité certaine, mais toujours cette farouche détermination à dire sa vérité, même aux moments les plus douloureux de sa vie. » Renée Fregosi, Causeur.
• Bat Ye’or et son œuvre présentées par Yana Grinshpun (Maître de conférences en Sciences du Langage à l‘Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3) :
– première émission : « les relations institutionnelles euro-arabes : dhimmitude, djihad, antisionisme »
– deuxième émission : « le passé trouble des institutions européennes »