Pierre Boutang est-il un autre Heidegger ?

« Est-il un autre Heidegger ? Ou bien un philosophe dont le nom disparaîtra avec ses derniers disciples ? » se demandait à propos de Pierre Boutang en 2009 le philosophe israélien Michaël Bar-Zvi. On ne peut pas encore répondre à cette question.

Philosophe, théoricien politique et romancier, homme de la trempe d’un Jünger, Pierre Boutang (1916-1998) fonda et dirigea de 1955 à 1967 La Nation Française, hebdomadaire dans lequel il écrivit chaque semaine sa « Politique ». Puis il publia Ontologie du secret, 1973, « maître-livre du XXe siècle » selon george Steiner, Le Purgatoire, 1976 et succéda à Emmanuel Levinas à la chaire de métaphysique de la Sorbonne.

Il avait rédigé son premier livre en 1947, La Politique, la politique considérée comme souci :
« Je nais ici, et non ailleurs, fils d’une famille, héritier d’un nom. Il ne dépend pas de moi que la spiritualité humaine et la civilisation ne se manifestent pas comme un système de volontés mais comme une histoire. »

« L’un des plus grands esprits de ce siècle » (Le Figaro), « auteur d’une œuvre multiforme et tempétueuse… d’une force de conviction et cohérence peu communes, et d’une imprudence qui se souciait peu des modes » (Le Monde).

« Ceux qui l’ont lu, a fortiori ceux qui l’ont connu, ne peuvent se souvenir de lui qu’avec reconnaissance, gratitude et admiration. » Rémi Soulié.

« Boutang, philosophe chrétien, philosophe de combat, être rayonnant… » Gédéon Pastoureau.

« Notre Péguy. »

 

De Pierre Boutang, Les provinciales ont publié :

• en 2011, La Guerre de six Jours, édition présentée par Michaël Bar-Zvi et Olivier Véron, premier titre de la collection « Israël et la France ».

« Le 1er juin 1967, à la veille de la guerre des Six-Jours, le philosophe catholique Pierre Boutang signait un article stupéfiant. » Jean Birnbaum, Le Monde.

« Les textes de Boutang sur Israël sont remarquables d’intelligence politique et de compréhension d’autrui… » Robert Misrahi.

« Une bouffée d’air frais. » Georges Bensoussan.

« Un éloge d’Israël, un éloge méta-historique, la preuve assez bien donnée de la vocation fondamentale d’Israël parmi les nations, de son exceptionnalité de fait et de vocation, et de sa grandeur… » Bernard-Henri Lévy, Le Figaro.

• en 2014, La Politique. La politique considérée comme souci, nouvelle édition avec une postface de Michaël Bar-Zvi, 2014 (première édition Jean Froissart, 1948).

« Cette lecture m’a servi de bouclier et de vaccin pour résister aux tentations des idéologies totalitaires. » Michaël Bar-Zvi.

« Le coup de génie de Boutang est ici : la contingence de la naissance n’est pas un argument qui autoriserait le détachement de l’être humain de sa communauté, mais, au contraire, elle fonde leur absolue solidarité.Toutes les pages sur la trahison et sa punition – les plus belles jamais écrites, en philosophie, sur ce thème – sont l’implacable illustration de cette solidarité. Dans le moment de retournement historique que nous vivons, l’heure de Boutang pourrait bientôt sonner… » Robert Redeker, Valeurs Actuelles.

• en 2016, Reprendre le pouvoir, nouvelle édition présentée par Olivier Véron (première édition Le Sagittaire, 1976).

« En 1955, Pierre Boutang fonde son propre hebdomadaire, La Nation française. Aspirant à renouveler la pensée royaliste, ayant notamment répudié tout antisémitisme en lien avec une réflexion théologique sur le mystère d’Israël et les racines juives du christianisme, ce journal creuse la question de la légitimité du pouvoir dans une optique chrétienne, préoccupation caractérisant l’essai de Boutang Reprendre le pouvoir (1977). » Jean sévillia, Le Figaro.

« Pierre Boutang reprend le pouvoir… Pour lui, l’héritage forme le seul horizon digne de ce nom ; c’est la gratitude qui nous jette en avant. » Jean Birnbaum, Le Monde.

• en 2018, La Fontaine politique, édition présentée et annotée par Gertrude Dubus et Olivier Véron, avec 26 animaux de Gérard Breuil à l’encre de Chine (première édition J.-E. Hallier / Albin Michel, 1981).

« C’est assurément un des plus beaux essais de Boutang, qui mettait La Fontaine au-dessus de Racine. » Gabriel Matzneff, Le Point..

« Boutang n’attribue pas une politique au fabuliste, il ne transforme pas Les Fables en programme électoral ni en petit livre rouge. Mais il célèbre en La Fontaine le penseur de la condition politique des hommes, c’est-à-dire de l’homme comme “animal politique.” » Bérénice levet, Le Figaro.

• en 2020, Les provinciales publiereont Le Purgatoire, nouvelle édition de ce « roman théologique » à clés, cette « autobiographie romancée » (Marie-claire Boutang), présentée et abondamment annotée par Ghislain Chaufour (première édition Le Sagittaire, 1976, rééd. La Différence, 1991).

« Avec Pierre Boutang, la performance d’athlète culturel touche au prodige. La gêne de ne pas réciter comme lui le Parménide au petit déjeuner cède vite au doux vertige de le suivre sur ses sommets.Au génie gréco-latin toujours à fleur de prose, s’ajoutent des glissements naturels vers l’allemand, l’anglais, l’italien, et vers un mélange de tout cet héritage, sabir subtilement chaotique où se lisent à la fois l’aboutissement et l’origine du logos occidental. Sans croire au Purgatoire, Wittgenstein avait prévu qu’il y aurait un risque de démantibulation à vouloir passer de l’autre côté du langage. Son disciple reste sur la frontière, sur le seuil, à l’écoute de la source verbale – plus que de la divinité, à moins que celle-ci et la parole ne fassent qu’une, quelque part, un jour ! C’est une joie rude mais somptueuse de partager ce guet, à l’affût de la vox cordis, de la “rauque chanteuse”, de la “colombe souterraine”, sans cesse à la proue d’une langue dont on ne distingue que le sillage. » Bertrand Poirot-delPech, Le Monde.

Chez le même éditeur :

Henri du Buit, Le petit boutang des philosophes. introduction à la philosophie de Pierre Boutang, 2016.

« Une introduction à sa philosophie du plus grand intérêt. » Sébastien Lapaque, Le Figaro.

« C’est un tour de force qu’a réussi Henri Du Buit en quelques pages aussi denses et allègres, aussi humbles dans leur quête, aussi boutangiennes pour tout dire… » Philippe Barthelet, Valeurs Actuelles.

Olivier Véron, L’avenir du printemps, collection « Israël et la France », 2014.

« Fougueuse méditation boutangienne sur l’impolitique contemporaine, qui fait de la naissance même comme elle a fait de la nation un pur artefact de la volonté. » Falk van gaver, La Nef.

« Un réquisitoire fouillé et précis contre la ’’nouvelle Internationale’’… » Gédéon Pastoureau, Mauvaise nouvelle.

• en préparation : Pierre Boutang, L’Héritage de La Nation Française (1955-1967), un volume d’environ 600 p.

Recueil d’une centaine des éditoriaux les plus lumineux de La Nation Française. Ce livre fera connaître au plus large public ce vrai politique qui brise, au fil de ces chroniques-là, la réputation un peu facile de pamphlétaire ou d’hermétisme qu’on lui a faite, car Pierre Boutang s’y montre plein de mesure, de patience et de tendresse, directement en prise avec les soucis de son temps – et du nôtre – dans une magnanimité émouvante et une parfaite clarté. La puissance philosophique de cette sorte de Péguy fulgurant s’était nourrie d’abord de vie réelle, et de celle tourmentée de son journal, où il se livra à une confrontation permanente avec ses lecteurs et avec les événements politiques dans l’indétermination du temps. Cela commence avec les épreuves si douloureusement actuelles de la guerre d’Algérie (terrorisme, intégration, légitimité), et cela s’achève au moment de la guerre de six jours, par une série de textes particulièrement audacieux. Avec une hauteur de vue qui enjambait toutes les apparences trompeuses du siècle, les textes de ce recueil emportés sans effort au pas de course par une immense culture constituent, cinqante ans après, L’Héritage de la Nation Française – le seul hebdomadaire que la France de Pascal, de Péguy, de Bernanos ait produit…