Yves Chevalier, Sens : « Cette tradition française éprise des vraies libertés. »

Le responsable de la publication des provinciales était un ami de Pierre Boutang dont il a assuré, à partir de 2011, la réédition d’un certain nombre d’ouvrages. C’est dire qu’il en était proche et que la disparition de Pierre Boutang en 1998 l’a profondément touché. Philosophe, théoricien politique et romancier, ce dernier, qui fonda et dirigea, de 1955 à 1967, l’hebdomadaire La Nation Française, fut le successeur d’Emmanuel Levinas à la chaire de métaphysique de la Sorbonne.
Dans cet ouvrage, Olivier Véron a rassemblé onze textes qu’il a lui-même écrit entre 2001 et 2019 sur Pierre Boutang, essentiellement sur sa position sur Israël dont il disait que c’était, à la fois, « un signe de contradiction » et « la seule rançon, la seule création positive répondant à l’horreur infinie de la seconde guerre mondiale ». On trouvera ici trois articles : « La mort de Pierre Boutang » (2002), « Autocritique » (2007) et « Origine » (inédit), trois présentations pour les rééditions de La guerre de six jours (2010), de Reprendre le pouvoir (2016) et de La Fontaine politique (2018), les interventions d’Olivier Véron à deux colloques consacrés à Pierre Boutang : « Israël change tout » (Institut de France, 2001) et « Dans le regard de Pierre Boutang » (Assemblée nationale, 2016), et à trois colloques organisés par des institutions juives ; « L’axe Paris-Jérusalem » (Unesco, Paris, 2017), « Royal malentendu » (Organisation sioniste mondiale, Paris, 2018) et « Babel ou Israël » (Tel Aviv, 2019).
Pour Olivier Véron, Boutang, après d’autres et des plus grands, a continué cette tradition chrétienne française éprise des vraies libertés, et attentive aux réalités terrestres, aux limites que fixe la finitude et aux vertus de la chair. C’est cette tradition-là qui rencontre toujours le mystère d’Israël dont l’Europe porte l’empreinte tout effacée.

Yves Chevalier, Sens n°432, 72e année, septembre-octobre 2020.

Olivier Véron, Dans le regard de Pierre Boutang. Babel ou Israël, Les provinciales, 155 pages.