Ghazal

Al-Kahira, 1970

par Bat Ye’or

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170 pages, 18 €


Bat Ye’or, « fille du Nil », a consacré sa vie à étudier et à comprendre la condition des Juifs et des chrétiens sous l’Islam et elle a fait connaître les mots « dhimmi », « dhimmitude » et « Eurabia ». Mais les explorations historiques ne permettent pas d’élucider les événements ni de capter leur énergie : il faut rendre compte de la vie intérieure de ceux qui provoquent ces événements ou qui les subissent et expliquer leurs relations au sein de la société. « Bien aimés les souffrants… » est la grande fresque des événements que nous n’avons pas vus, au sud et à l’est de la Méditerranée et qui nous atteignent à présent. Ils commencèrent après l’époque napoléonienne au Caire (Al-Kahira) avec Moïse et ils conduisent à l’expulsion des Juifs d’Orient à l’occasion des guerres israélo-arabes.
Moïse décrivait l’oppression subie par l’antique communauté juive d’Égypte sous l’islam jusqu’au XIXe siècle et l’imagination religieuse qui prospérait dans la misère. Élie raconta l’ébullition intellectuelle dans la première moitié du siècle suivant, sous l’infuence de l’Europe et des espoirs politiques soulevés entre les deux guerres mondiales. Mais dans cette « grande fresque de la dhimmitude » où les rebellions conduisent souvent aux génocides, Ghazal est le roman de la sortie de l’histoire.
Dans une société figée par la dictature et sa hantise de la guerre les êtres n’ont plus pour exister que leurs sentiments. Leurs rêves de transgresser des interdits de plus en plus absurdes n’aboutissent pas et minent secrètement leur vie intérieure, constamment travaillée par des désirs qui n’ont aucune force politique pour se réaliser. En cela ils ressemblent bien aux nôtres et on peut dire que l’œuvre de BatYe’or anticipe d’une certaine manière celle de Michel Houellebecq : le prophétisme est une prise de conscience historique. Les conflits, les décisions vitales et politiques, les exils et les retours ne sont pas l’affaire d’une seule génération et ils ne se laissent saisir qu’à l’affût de la vie secrète des peuples.
O. V.

« Bien-aimés les souffrants… » :

I • Moïse, Al-Kahira, 1812-1882.

II • Élie. Al-Kahira, 1914-1948.

III • Ghazal, Al-Kahira, 1970.

 

  

 



« En personne déplacée devenue l’historienne de son propre malheur, Bat Ye’or décrit le durcissement d’une société dans les méandres de sa bureaucratie, la dégradation des relations entre communautés sous l’effet d’une idéologie de conquête, les mensonges et les contradictions inhérents à l’action révolutionnaire et à l’effort de guerre incessant, la peur d’être vaincu qu’ils engendrent, militairement et idéologiquement. »