430 pages, 30 €
Progrès en amour assez lent. Ce titre de Jean Paulhan aurait pu convenir pour résumer la vie de Pierre Boutang. Né au péril de la Grande guerre (1916), brûlant de connaître, de combattre et d’aimer, cette vie eut cependant la vitesse d’une balle. Mais ce n’est pas le même amour qui était en question. Dans ce domaine la lenteur du progrès se paye cher – autour de soi –, et il vient un moment où un homme, vers 1976, s’en rend compte. Le catholique habité par la grâce d’Israël a dénommé cela le Purgatoire et il l’a fait, ce Purgatoire, de son vivant – ce qui est assez osé comme manière de brûler les étapes.
« Sans une métaphysique préalable de l’histoire, nulle philosophie de l’existence ne peut se défendre de l’accusation de tricher avec la réalité humaine », écrivait-il trente ans plus tôt. Ce « roman » au sens des Confessions de saint Augustin pourrait donc servir le prestige d’un pays qui aurait fait de la littérature sa manière de ne pas tricher avec la réalité humaine. La langue, majestueuse, souveraine est aux aguets, dans le murmure de l’enfance, dans la proximité de la mort. Son chant qui s’avère aussi un voyage dans la littérature universelle en est un des plus beaux. « Sans cesse à la proue d’un discours dont on ne distingue que le sillage, son action sur l’époque aurait paru plus nette si seulement il avait accepté de prendre quelque retard sur son propre mouvement. » La dure introspection à laquelle il se livre est sévère car elle façonne notre jugement moral, sans conférer cette « satisfaction âpre et secrète de se sentir foulé aux pieds par la fortune », dont parlait Machiavel. Le verdict est certain, répété en appel, mais la grâce et le « désentravement de l’âme » sont à ce prix. S’il s’agissait d’une conversion c’est à celle du lecteur que l’on pourrait assister.
Olivier Véron
Les provinciales
• Texte présenté par Ghislain Chaufour
• Notes rédigées par Ghislain Chaufour et Olivier Véron
• Encres de Chine par Gérard Breuil
« Avec Pierre Boutang, la performance d’athlète culturel touche au prodige. La gêne de ne pas réciter comme lui le Parménide au petit déjeuner cède vite au doux vertige de le suivre sur les sommets. (…)
Sans croire au Purgatoire, Wittgenstein avait prévu qu’il y aurait un risque de démantibulation à vouloir passser de l’autre côté du langage. Son disciple reste sur la frontière, sur le seuil, à l’écoute de la source verbale (…). C’est une joie rude mais somptueuse de partager ce guet, à l’affût de la vox cordis, de la “rauque chanteuse”, de la “colombe souterraine”, sans cesse à la proue d’une langue dont on ne distingue que le sillage… »
Presse
Sébastien Lapaque, Revue des deux mondes : « Le Purgatoire, quelle grande chose ! »
Gilles Banderier, La Cause littéraire : « Un roman total ».
Sébastien Lapaque, Le Figaro (17 juin) : « L’effrayant génie de Pierre Boutang »
Philippe Barthelet, Valeurs actuelles : « La tribulation magnifique. »
Bertrand Poirot-Delpech, Le Monde : « LE PURGATOIRE, de Pierre Boutang »
Gilles Banderier, Revue des deux mondes : « De l’antisémitisme au sionisme : Pierre Boutang. »
« La tribulation magnifique.
Rendre l’homme mortel, recru d’épreuves, à sa grandeur inconnue : ce roman de Pierre Boutang est une inépuisable parabole de notre destinée. »
Philippe Barthelet,
Valeurs actuelles.
« Bienheureux, toi qui pour bien mourir
vas conquérant sagesse dans nos marches ! »
Dante,
Le Purgatoire, XXVI, 73.
« Plus décidé que jamais à poursuivre le rêve supérieur de l’application de la métaphysique au roman. »
Baudelaire,
lettre à Gautier, mars 1852.
« Les navigateurs d’autrefois avaient une devise glorieuse : Naviguer est indispensable, vivre non. »
Pessoa
« Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? – un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous. »
Kafka