Hélène Keller-Lind, Actualité juive : « Un événement prodigieux. »

« Une autre vision de la Guerre des Six-Jours »

 

« Dans sa préface, l’éditeur des provinciales, Olivier Véron, souligne comment l’auteur dont il réunit ici six textes écrits entre mai et juillet 1967 avait choisi “d’échapper à la cécité historique”.
D’une écriture limpide Pierre Boutang exposait et analysait les rouages de ce qui fut “la menace de la destruction d’Israël” pourtant “nation exemplaire”. Une guerre dont on voit les prolongements aujourd’hui. Juin 1967, un passé très récent qui paraît si lointain ; or la victoire d’alors d’Israël que Pierre Boutang qualifiait “d’événement prodigieux”, est devenue aujourd’hui pour le monde arabe la Naksa, défaite, instrumentalisée pour fomenter ce qui est en passe de de venir l’Intifada des frontières. Mais se souvient-on vraiment de ce que fut cette guerre, l’un des “beaux fruits de Suez”, sur fond d’un nationalisme arabe dont “la raison d’être, c’est la destruction d’Israël”. Se souvient-on de tous ces lâchages de l’État hébreu qui pourtant, écrivait-il, doit rester le gardien des lieux saints. Il y eut le revirement soudain des forces des Nations Unies, “machine à voter de Babel” qui laissèrent Israël à la merci du “Pharaon égyptien”. Ces mêmes forces qui, aujourd’hui, brillent par leur absence face au Hezbollah au Liban ou à la frontière syrienne comme on le vit en juin 2011. Il décrit le lâchage de la France d’alors qui “n’a pas dit le droit”, le vrai, “celui des nations à exister”. Et l’ensemble de cécités diverses à des degrés divers ou, a contrario de volontés politiques opposées qui façonnèrent le rôle que jouèrent les grandes puissances, face à un État dont il souligne la nature exemplaire de par “son enracinement dans le sacré”.
Un des éléments qui frappe à la lecture de ces textes essentiels, est que l’on retrouve aujourd’hui les mêmes protagonistes, même si la Russie n’est plus soviétique, même si Nasser n’est plus aux commandes de l’Égypte. Car les lignes de force demeurent. D’ailleurs, la postface de Michaël Bar-Zvi n’est pas intitulée “le septième jour” par hasard. Et s’ajoute aujourd’hui l’Iran. »

HéLène Keller-Lind, Actualité juive n°1168, du 23 juin 2011.

La Guerre de six jours, par Pierre Boutang, 96 pages, 10 €