Disparition de Claude Franck.

Chers amis

Je ne suis pas en mesure de lire cette chronique, ayant perdu ma voix. Je remercie mes amis de Radio J de la lire à ma place.

La semaine dernière nous avons eu la peine de perdre un ami, au terme d’une longue maladie.  Claude Franck, professeur de Droit Constitutionnel à Paris-Sorbonne. Claude Franck était un esprit brillant, doté d’une érudition incommensurable dans de nombreux domaines, notamment les sciences politiques, l’histoire, et les relations internationales. Mais, pour ceux qui l’ont connu il était avant tout intellectuel engagé pour la défense d’Israël et du sionisme. Sous le pseudonyme de Jacques Hermone il avait dénoncé l’hypocrisie de la gauche à l’égard d’Israël dans un livre La gauche Israël et les Juifs en 1970*. Il fut le premier à traduire intégralement en français le livre de Menahem Begin La révolte d’Israël, puis les mémoires de Begin au Goulag intitulées Les nuits blanches. Vers la fin des années 70 nous avions écrit ensemble le premier « Que-sais-je ? » sur Le sionisme, qui connut plusieurs rééditions jusqu’à ce que les éditions PUF décident d’en faire une autre édition, idéologiquement plus à gauche. En 2002 nous avons republié une nouvelle édition mise à jour de cet ouvrage aux éditions Les provinciales. Claude Franck était un homme de conviction qui ne supportait les compromissions et le mensonge, et n’hésitait pas à affirmer sa vérité, toujours solidement argumentée. Homme atypique, puits de connaissance, infatigable lecteur des sources, son regard tranchant sur la réalité nous manque. Que sa famille puisse obtenir le réconfort et les forces nécessaires pour transmettre à ses descendants une part de son héritage intellectuel et spirituel. Je salue sa mémoire et souhaite qu’il repose enfin en paix.

Yehie Zikhro Baroukh

Michaël Bar-Zvi, Radio J, 25 avril 2018.

*  Jacques Hermone [Claude Franck], La gauche, Israël et les Juifs, collection La Table Ronde de « Combat », série Les Brûlots (n° 17), La Table Ronde, avril 1970. Présentation de l’éditeur : « Dans le concert antisémite que déchaîne le conflit israëlo-arabe, la gauche est en train de prendre une place de choix. On pouvait penser qu’elle en laisserait le principe et le monopole à la droite. C’était compter sans la tentation du conformisme et de la faiblesse.
Mais la mode n’explique pas tout. L’auteur de cet essai, qui est un historien, est allé rechercher aux sources des doctrines socialistes le virus de ce néo-antisémitisme. Il l’a trouvé chez les grands théoriciens du socialisme du siècle dernier, à commencer par Marx lui-même. Appuyé sur des textes historiques, ce document prend valeur d’un implacable pamphlet.
Les hommes de gauche auront intérêt à le méditer, s’ils croient qu’être à gauche leur donne une garantie d’être justes. Ceux qui sont justes sont en vérité ceux qui savent voir clair en eux-mêmes, qui savent lire honnêtement l’histoire, et qui savent résister aux mensonges des propagandes et des mythes. » Parution 15-04-1970