192 pages, 18 €
Il est difficile de se replonger dans l’un ou l’autre des innombrables moments de cette longue guerre qu’Israël a dû livrer depuis un an. Un long chemin a déjà été parcouru à toute allure depuis la stupeur et l’horreur du 7 octobre, quand les Israéliens se réveillèrent avec les sirènes de la guerre, et dans de nombreux endroits de « l’enveloppe de Gaza », les cris, l’odeur de brûlé et les coups de feu. Familiers d’une tension régionale qui n’aura guère faibli depuis un siècle et d’un sentiment intérieur de mobilisation que les épisodes successifs des guerres, des soulèvements, des attentats et des tirs de roquettes incessants avaient longuement entretenu, Israël paraissait s’installer néanmoins dans la routine étrange des démocraties d’alors, faite de mécontentement, de rébellions stériles, de passions politiques et de calculs, de spectacle, de frivolité malheureuse et de déchirements. Mais beaucoup avaient remarqué aussi l’incompréhension croissante des pays amis et soumis à de mêmes vagues d’erreurs et de terreur, comme si Israël n’appartenait pas à la même classe de civilisation et aux mêmes crises, qui ne se réduisent pas aux excès du progrès et aux écarts techniques.
Se remémorer est difficile car rien dans cette histoire ne semble avoir été écrit d’avance. Le pays était même passé au second plan des risques systémiques quand la guerre s’était rouverte et installée en Europe, dans ces pays que la plupart des Juifs avaient jadis dû fuir. Mais la haine contre la mission juive d’exister au cœur d’une humanité hostile s’est réveillée brutalement, transformant toutes les guerres les plus continentales en routines lointaines.
De ce livre écrit au milieu du gué émane pourtant une étonnante sérénité. Israël a repris le chemin de sa guerre existentielle, une guerre qui dure depuis Moïse et Josué. La guerre n’est pas le pire des maux : le pire était, le 7 octobre, de ne pas pouvoir se défendre et finir à Aushwitz. Mais des jeunes gens ont survécu, ils sont revenus, ils ont repris les armes, car Israël avait juré de ne pas oublier la leçon de Massada et du ghetto de Varsovie, et il faut dire qu’il ne l’a pas oubliée. Israël est vivant et Nova reste donc un nom de fête, mais que ses morts et ses héros ont liée à celle de la Tora, qu’elle semblait vouloir fuir, Slim’ha Tora, la joie de la Tora. La joie est le trésor des cœurs en Israël et rend capable d’affronter toutes les difficultés, toutes les adversités, et de tenir encore entre ses mains le souffle et le destin du monde : Écoute Israël, l’Éternel est ton Dieu, l’Éternel est Un. Tu t’en souviendras à la maison ou en voyage, tu l’écriras sur tes portes et sur les murs, tu l’apprendras à tes enfants. et aussi à tes ennemis. Il y a ceux qui sont morts et ceux qui sont encore détenus, mais dans leur cœur Israël a puisé sa force, et de tout son esprit est revenu à la joie d’être un peuple et de vivre encore de cette promesse faite à nos pères d’une vie exemplaire et indéracinable sur cette terre, qu’il faudra bien admettre car elle ne fléchit pas.
Olivier Véron, Les provinciales.
• Richard Darmon, La Seconde guerre d’indépendance d’Israël.