Yves Chevalier, Sens : « Les persécutions à l’égard des Chrétiens en découlent. »

La presse a, récemment, lors des événements du Moyen-Orient arabe, rappelé que le « Califat » était une structure à laquelle les fondamentalistes musulmans aspiraient toujours, n’hésitant pas à l’imposer par la force. Le « Califat » c’est-à-dire un système de gouvernance à la fois politique et religieuse, sur l’ensemble des Musulmans – ou du moins de ceux qui se trouvent sous sa domination – a été aboli par Attatürk en 1924. Ce sur quoi cette même presse n’a pas prêté attention, ou mal, c’est que cette « revendication » est beaucoup plus ancienne. Il existe, depuis 1969, une Organisation de la Conférence lslamique (OCI), rassemblant cinquante-six États musulmans ou à majorité musulmane, plus l’Autorité palestinienne, qui a pignon sur rue à l’ONU. Bat Ye’or, dont on connaît les travaux sur la dhimmitude et les Chrétiens d’Orient [cf. Sens, 1991 n° 12, p. 431 ; 1994 n° 7/8, p. 352 ; 2002 n° 9/10, p. 515 ; 2005 n° 5, p. 304 ; 2009 n° 5, p. 331] et qui s’est spécialisée dans l’étude des relations institutionnelles euro-arabes et leurs implications politiques et religieuses largement ignorées des médias, propose ici une analyse de l’action politique de l’OCI en Occident. Pour elle, l’Occident est aveugle devant l’action de cette organisation, prompte à détourner les procédures démocratiques des États européens. L’OCI s’impose aux minorités musulmanes immigrées, ce qui conduit à l’échec des politiques d’intégration et aux revendications d’un « multiculturalisme » destructeur de l’unité nationale ; elle travaille surtout à la décomposition des Nations européennes et à l’émergence d’une « Alliance des Civilisations », en vue d’un rapprochement de l’Islam et de l’Occident au bénéfice exclusif du premier (pour cette organisation, c’est l’Occident et Israël qui sont responsables du mauvais état de leurs relations avec les pays arabes, et qui doivent donc faire amende honorable face à un Islam paré de toutes les vertus). Les signes sont nombreux de cette dérive que les responsables occidentaux ne veulent pas prendre en compte avec le sérieux nécessaire. Ce à quoi nous assistons en ce moment au Moyen-Orient, en particulier les persécutions à l’égard des Chrétiens, en découle.

Yves Chevalier, Sens, (revue de l’Amitié judéo-chrétienne de France) n°395, janvier 2015.