Le film de Jean-Pierre Lledo est une œuvre rare et « démesurée ». Il ne s’agit pas seulement d’un très long documentaire, mais d’un récit autobiographique qui s’apparente dans le langage cinématographique à la démarche de Marcel Proust lorsqu’il entreprit de rédiger A la recherche du temps perdu. Car Lledo, au cours de cette si longue déambulation en terre d’Israël, ce pays qu’il avait détesté et même considéré « illégitime », s’est finalement identifié non seulement au peuple juif qui y est revenu pour édifier un État souverain, mais aussi à ses propres racines juives. (…)
Il ignorait tout de la tragédie des Juifs du monde arabo-musulman, expulsés et spoliés au lendemain de la fondation de l’État d’Israël et de la guerre d’Indépendance. Il était hostile à Israël et la judéité de sa mère était un fardeau. Le mot « Juif » lui était difficile à prononcer. « Un préjugé politique pour masquer un trouble identitaire… ? », dit Lledo. (…)
Myriam Anissimov, Alliance.
• Jean-Pierre Lledo. Le voyage interdit. Alger-Jérusalem.