Les récents événements dans les différentes capitales du monde arabo-musulman auront au moins permis de mettre à jour une vérité. En effet, les causes de l’embrasement de la poudrière au Proche-Orient et dans le Bassin méditerranéen ne sont pas le sionisme, les territoires ou les implantations, mais les régimes tyranniques, la corruption et l’absence de liberté dans ces pays.
Depuis quelques semaines, il se déroule quelque chose de curieux, qui n’est jamais arrivé depuis plus de quatre décennies, les manifestants ne crient pas Mort à Israël ou Libérons la Palestine des Juifs. Et même si cela ne présage en rien de l’avenir, cela mérite d’être signalé.
Ce qu’Israël clame depuis 1967, à savoir que toute solution au conflit passe aussi par un changement en profondeur de la mentalité de ses voisins et par une modification radicale des institutions politiques qui régissent, commence à se révéler au grand jour.
Certes la manière dont se déroule ce phénomène est imprévisible et incontrôlée et ne respecte pas une logique de maturation et de construction, comme cela a été le cas dans le monde occidental, mais elle fournit la preuve historique évidente que le conflit arabo-israélien a été entretenu de toutes pièces par des régimes qui l’utilisaient pour mieux manipuler la haine des foules arabes contre un ennemi commun, bouc émissaire expiatoire de choix et surtout pour maintenir de main de fer leur pouvoir et leurs intérêts.
Des pays riches en pétrodollars n’ont pas été capables d’aider leurs frères à bâtir des économies pour les sortir de la misère, mais en revanche ils ont financé depuis plus de quatre décennies tous les mouvements terroristes, tout en investissant leur argent dans les banques, les palaces et les produits financiers les plus spéculatifs.
La misère des palestiniens, la pauvreté des masses arabes dans les pays arabes non producteurs de pétrole n’a jamais ému les dictateurs arabes au point de leur suggérer l’idée de leur fournir une assistance financière qui leur aurait permis de développer des industries rentables, des technologies de pointe ou un système éducatif porteur d’avenir.
Les sociétés arabo-musulmanes ont aujourd’hui des dizaines d’années de retard et un handicap psychologique extrêmement pénalisant. Les seuls arabes capables de changer la situation sont ceux qui ont été formés à l’étranger, et même parfois en Israël, mais on doute qu’ils souhaitent revenir en masse dans des pays en proie aujourd’hui au chaos et dirigés par des militaires.
Pour Israël, l’avènement de véritables démocraties serait un réel bienfait, mais si les périodes transitoires perdurent et se soldent par un échec, elles risquent de laisser la place aux intégristes. Les exemples de l’Iran, de Gaza, du Liban et de la Turquie doivent être présents à tous les esprits épris de liberté et surtout aux dirigeants des grandes démocraties occidentales.
Souvent les lumières trop fortes et trop vives nous rendent aveugles.
Michael Bar Zvi, chronique sur Radio J du 24 février 2011
• à paraître : La Guerre de six Jours, par Pierre Boutang