La Joute est un livre de haute noblesse. (…) C’est un livre fouillé, dense (…) un livre sévère, difficile. Très abstrait pour explorer des choses très concrètes, parfois presque inhumain pour scruter des choses éminemment humaines, manquant un peu de chair pour sonder la relation charnelle. (…) Qu’est-ce que la joute ? (…) Joute veut dire jointure : ce qui est à la jointure, qui jouxte, qui joint, qui conjugue – qui est conjugal. La joute n’est pas la dispute querelleuse au sein du couple, mais la « disputatio » : la conversation conjugale, amoureuse ou qui le fut, chuchotante ou entrelacée de cris, faite d’entente entretissée de mésentente.
La joute est le tissu de la vie conjugale.
La passion de la syntaxe, qui anime Richard Millet, le conduit à faire de son texte une grammaire de la conjugalité.
La Joute est ainsi une syntaxe silencieuse du regard, de la parole, du geste, au sein du couple, l’homme et la femme ayant choisi, respectant l’engagement de se « chérir » pris lors du mariage et reconnaissant le prix de la conversation, de se faire face dans la durée et de nourrir le dialogue « à la maison ». (…)