Une voix sur Israël

par Paul Claudel , Fabrice Hadjadj


Texte de Paul Claudel (1949) et son écho par Fabrice Hadjajd.
En 1949 Claudel veut célébrer la création de l’État d’Israël  : « Tout de même c’est arrivé  ! c’est arrivé sous nos yeux et cela sent encore, cela fume encore ! » Alors que les armées arabes et juive viennent à peine de cesser le feu, à un moment où l’on ne s’apitoie guère sur la tribulation de rescapés des « infatigables cheminées d’Auschwitz », Claudel évoque « ce perpétuel Mercredi des Cendres » dont « Israël a fait son habitation »  : « Je songe à ces flocons de suie humaine répartis par les quatre vents à tous les peuples d’Europe ». Avec la franchise un peu rugueuse qui caractérise le grand poète, il évoque « la promesse à Abraham » et « Israël par sa seule force reprenant possession de la terre de ses pères, refoulant les occupants, reconnu comme une nation autonome » car : « Ici tu es chez toi. Il n’y a pas prescription. Il n’y a jamais eu un acte juridique pour te déposséder »« Leur retour à la Terre promise n’a pas eu le caractère d’un accident, écrit-il, mais d’une nécessité. Il n’y avait pas d’alternative. » Et il cite l’Évangile  : Seigneur, où irions-nous ? « De nouveau il y a Israël debout sur l’antique pierre du pacte. »Claudel applique à la seule véritable révolution du XXe siècle les mots-mêmes de saint Paul  : « Si leur perte a été la réconciliation du monde, que sera leur assomption, sinon la vie d’entre les morts  ? » Et c’est cela qu’il appelle « la vocation catholique d’Israël »  : « Implante-toi, Israël, dans la rectitude  : montre-nous, comme un piquet de fer, ce ciel où toute rédemption aboutit. »Alors qu’une Europe démissionnaire, effrayée des conséquences de sa propre histoire, est prête à se débarrasser peut-être de tout ce qui a été jusqu’ici son existence et le charme de la vie sur cette terre, ces mots retentissent comme l’héritage, l’avertissement, la vérité et l’horizon du catholicisme français : « C’est Israël qui a accordé à Dieu l’incarnation ».
OV.

« Un chapitre de l’histoire de la littérature française au XXe siècle reste à écrire, celui du dépassement de l’anti­sémitisme par des écrivains confrontés à l’expérience vive de l’Histoire : affaire Dreyfus, exter­mination nazie, fondation de l’État hébreu. Aux noms de Georges Bernanos, Maurice Blanchot et Pierre Boutang, il faut ajouter celui de Paul Claudel… »

Sébastien Lapaque
L’Express

 

« Le texte est superbe. »

Philippe Mesnard
Action Française

 

« Lumineuse et dense postface de Fabrice Hadjadj au texte claudélien, et l’une des plus hautes méditations qu’il m’ait été donné de lire sur les liens de sang du judaïsme et du catholicisme. »

Clara Lukowska
La Revue littéraire