Laurent Schang, Boojum magazine : « Un concentré d’histoire du monde sur quelques kilomètres. »

« Être juif en France aujourd’hui »
Entretien avec Sarah Vajda

 

« À l’occasion de la parution de son dernier roman, L’An dernier à Jérusalem, utopie magnifique sur l’auto dissolution d’Israël, Sarah Vajda (Myriam Sâr) a accordé un entretien fleuve à Laurent Schang pour Boojum… » Extraits :

« « Issue d’un peuple qui a beaucoup souffert », j’ai toujours pensé que nous avions un droit de réserve, une forme de dignité à opposer à nos ennemis, une obligation de hauteur, exigence due au respect des souffrances passées et que nous devions – comment dire ? – ne pas nous montrer trop indignes du sacrifice consenti ou pas (…) »
« …Les juifs ont été imprudents de donner à voir l’infini de leur douleur à la télévision et sur la scène publique. Ils se sont montrés insensés de demander aux fils des bourreaux de pleurer avec eux. La Shoah regarde les fils des antisémites, elle regarde l’Europe. À elle, et à elle seule, de s’interroger sur la chose arrivée. Ses prémices, ce qui l’a rendu possible… À elle et à elle seule de faire son examen de conscience. À l’Europe, de faire retour sur elle-même. Ce n’était pas aux juifs de s’interroger sur cette tragédie. Leur seul rôle ? Protéger leurs enfants. (…) »
« …(Leurs ennemis) ont choisi une stratégie fort efficace pour nuire aux Israéliens : la désinformation, vite devenue planétaire, grâces soient rendues aux méthodes nouvelles de communication et aux réseaux sociaux. Ils ont gonflé le nombre de leurs morts et les juifs, heureux d’être enfin craints après des années de mépris et d’humiliation, ont laissé la légende gonfler. (…) »
« …Un concentré d’histoire du monde sur quelques milliers de kilomètres, en temps record, à peine soixante-dix ans, commenté en permanence par des hommes pressés. Pour réussir une telle entreprise, il eût fallu un miracle et les miracles arrivent rarement… Le « miracle grec » eut un prix, qu’aucun Moderne n’accepterait de payer. (…) »
« …J’ai répugné à donner des leçons à ce pays qui n’est pas mien, pour n’avoir pas servi sous l’uniforme vert-olive, pour n’avoir pas tenu mes enfants dans mes bras sous les bombardements de Saddam Hussein, pour n’avoir pas craint la mort de mon amant à la guerre ou de mon fils ensuite à chaque opération, pour n’avoir pas tremblé à chaque retard de mes gosses, peut-être surpris par le combat de la Palestine à naître. J’ignore ce qu’il conviendrait de faire. Myriam Sâr aussi, mais Myriam n’est plus tout à fait juive, elle possède d’autres ressources que les miennes, par trop « vieille Europe ». (…) »

(texte intégral des propos recueillis par Laurent Schang pour Boojum ici^)

• L’An dernier à Jérusalem, roman de Myriam Sâr écrit par Sarah Vajda