Dans sa préface au livre de documents que publie l’essayiste Bat Ye’or sous le titre le Dhimmi, le philosophe Rémi Brague rappelle que le mot arabe dhimma signifie à l’origine « protection ». Dans le droit musulman, il désigne le régime juridique discriminatoire auquel sont soumis en terre d’islam les non-musulmans, à savoir les juifs et les chrétiens qu’on appelle les dhimmis. Ce sont les seules communautés qui, oserait-on dire, en bénéficientparce que « mécréants », ils appartiennent aux « gens du Livre », entendons l’Ancien, le Nouveau Testament et le Coran. Pour les autres, n’appartenant pas aux trois religions monothéistes, païens et athées notamment, ils ont le tort, selon un verset du Coran « de ne pas déclarer illicite ce que Dieu et son prophète ont déclaré illicite », et du coup leur sort est vite réglé. L‘islam professant que la terre est le bien d’Allah, le jihad appelle à la guerre pour leur conversion forcée et totale.
Pour les dhimmis, la situation est différente, si la législation islamique prévoit leur protection, elle leur impose néanmoins un statut de citoyens de seconde classe. (…) Les prescriptions les plus courantes : loyauté vis-à-vis de l’État musulman, pas de manifestations religieuses ostentatoires, (…) possibilité pour un musulman d’épouser une dhimmie, pas l’inverse. En contrepartie les dhimmis ont des droits : garder leurs biens, commercer, acquérir des propriétés foncières, ne pas être réduits en esclavage. Rémi Brague rappelle que l’hostilité à l’encontre des chrétiens, mais surtout des juifs, laquelle explique l’antisémitisme dont ceux-ci sont victimes, tient à ce que l’islam a toujours mal vécu que le Coran doive son origine aux deux Livres qui l’ont précédé., l’Ancien et le Nouveau Testament. Il y a eu Moïse et Jésus avant Mahomet. (…)
L’importance des documents réunis par Bat Ye’or est de montrer que ce système de la dhimma est né lorsque les conquérants arabes ont envahi le Moyen-Orient à partir de 640 et ont dû s’imposer aux communautés juives et chrétiennes qui s’y trouvaient depuis longtemps dans le but d’en faire une force de travail. Un de ces documents (…) est particulièrement accablant. Le 13 février 1979, le terroriste Yasser Arafat fondateur du Fatah, dirigeant de l’OLP responsable sur le territoire européen d’attentats meurtriers contre des juifs au cours desquels des enfants ont trouvé la mort (…) a écrit ceci à l’ayatollah Khomeini : « Je prie Allah de guider vos pas sur le chemin de la Foi et du djihad en Iran qui poursuivra la lutte jusqu’à ce que nous arrivions aux murs de Jérusalem où nous hisserons les drapeaux de leurs deux révolutions. » (…)
Jacques Henric, Art press n°537, novembre 2025.
• Bat Ye’or, Le Dhimmi. Documents, avec une étude de Rémi Brague.
