« J’ai commencé la lecture de Palestine 1948, Guerre d’Indépendance ou catastrophe par Yoav Gleber et je dois dire que je suis captivé par la méthode de l’auteur (professeur à l’Université de Haïfa) de séparer rigoureusement ce qui relève d’un narratif, ou pour faire simple d’un récit un peu mythologique, et ce qui relève de la réalité historique.
Il est particulièrement intéressant de lire de façon aussi étayée ce que l’on sait au fond déjà : beaucoup de choses, dans le conflit israélo-arabe, relèvent d’un récit mythologique qui n’est jamais totalement faux mais qui occulte, par choix culturel ou par malhonnêteté, une grande part des sources historiques. Ce paragraphe l’illustre très bien :
Autre tendance palestinienne contemporaine : la “contre-histoire de la base” qui ignore totalement la documentation et se fonde sur les souvenirs de la Nakba. Comme elle a débuté tardivement, elle se fonde souvent sur les récits de témoins qui étaient de jeunes enfants en 1948, ou sur les récits de descendants de réfugiés. Dans les deux cas, les témoignages reflètent principalement le folklore de l’après-guerre des camps de réfugiés et non les événements de la guerre. A l’instar du discours des post-sionistes, ce narratif “de la base” part de l’hypothèse que les victimes sont intègres et innocentes du fait même de leur statut de victimes, tandis que les vainqueurs doivent, par définition, avoir tort et être immoraux.
(…) Cet ouvrage passionnant, avec une froideur toute scientifique, rue dans les brancards de la propagande et des légendes savamment construites depuis 1948 ! »