… À la suite de son maître, le philosophe royaliste Pierre Boutang, Olivier Véron a approfondi la question du sens de la destinée unique du peuple juif pour des catholiques. Tout est dit dès les premières lignes de l’introduction : « C’est du sang juif qui se trouves ur l’autel […] Les chrétiens ne peuvent en aucune manière être “séparés” des Juifs et d’Israël… » C’est ce que les quelque 150 pages suivantes entendent prouver, notamment par une méditation multiforme sur la messe, puisée aux meilleures sources : le cardinal Journet, le cardinal Ratzinger et tant d’autres théologiens beaucoup plus anciens ou encore vivants. C’est ce qui manque certainement à Zemmour. Cependant les deux auteurs se complètent encore plus sur les questions d’identité… À la suite de Pierre Boutang et de quelques autres, Olivier Véron explore le caractère prophétique du sionisme et du “miracle” d’un retour, juste après la Shoah, d’un État juif sur la Terre promise… Matière à discussion avec le frère dominicain Jean-Miguel Garrigues, contempteur de tous les nationalismes, et à polémiques sanglantes assurément dans nos temps marqués par le 7 octobre, explorées avec force citations d’un des élèves juifs de Pierre Boutang, Michaël Bar-Zvi, qui fit sa thèse sur L’idée de nation dans la pensée juive à l’époque moderne, et qui n’a jamais cessé de réfléchir au rapport entre la France et Israël. Le style d’Olivier Véron est limpide mais, sa réflexion emprunte tant de chemins, est nourrie de tant de références, que cela peut justifier le qualificatif pas entièrement flatteur de Pierre Cormary, dans Tribune juive : “Ce petit livre touffu et mal foutu, pas facile à lire mais fulgurant, audacieux, courageux, essentiel pour qui veut connaître les racines de notre bien commun.” Il ferait presqu’abstraction d’une véritable qualité poétique qui en fait aussi un petit bijou de pensée et de discussion. Mais ce bel article dit presque tout mieux qu’on ne pourra le faire…
Frédéric Aimard, « Actualité du judéo-christianisme », la Nation française du 30 octobre 2025.
