Falk van Gaver, La Nef : « Un de ces livres denses qui frappent l’esprit et marquent l’âme. »

Influencé par Pascal et Kierkegaard, le penseur allemand Theodor Haecker (1879-1945), devenu catholique en 1921, est une des figures intelletuelles chrétiennes modernes qu’il faut absolument découvrir !
Il influença directement le groupe d’étudiants chrétiens résistant au nazisme de la Rose blanche, et ses écrits frappèrent le jeune Joseph Ratzinger au séminaire. Comme son Virgile, père de l’Occident (Ad Solem, 1995), Le Chrétien et l’Histoire est un de ces livres denses qui frappent l’esprit et marquent l’âme.
« Jusqu’à la fin de cet éon le fait christique est compris de façon irrévocable dans le fait historique : il serait donc étonnant et même contre-nature que le chrétien, qui est chrétien à travers sa foi, n’ait pas une conception de l’histoire en général et en particulier – aujourd’hui après deux mille ans – qui se distingue radicalement d’une conception de l’histoire sans la foi… »
Theodor Haecker montre que cette conception chrétienne de l’histoire est inévitable par la compréhension de la dimension intrinsèquement historique – et donc aussi politique – du christianisme, du fait même de la création du temps par Dieu et de l’entrée de Dieu dans le temps. Lire les textes de Haecker, brefs et intenses, c’est pour l’intelligence toujours faire un grand bond en avant tant intellectuel que spirituel.

Falk van Gaver, La Nef.

 

un « extraordinarius »

 

Bien qu’excellent élève, Theodor Haecker quitte sur ordre paternel très jeune le lycée pour travailler comme apprenti dans le commerce. Il reprend ses études tardivement à Berlin puis à Munich (…) sans obtenir le titre de docteur, ni celui de professeur : avec fierté Theodor Haecker demeurera un « extraordinarius« , un homme inclassable dont la liberté intérieure lui permettait de rester critique à l’égard d’un système auquel il ne se sentait pas appartenir. En ces temps idéologiques, être un « hors-parti » ne l’empêcha pas d’engager tout son être dans la bataille – bien au contraire !

Falk van Gaver, La Nef