Ceci est mon sang

« une alliance suprêmement concrète »

par Olivier Véron

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160 pages, 15 €


Les mots de consécration de la coupe, « Ceci est mon sang », la mort en tant que sacrifice et don de soi, n’effacent pas mais rappellent et engagent très explicitement l’appartenance au peuple juif de celui qui les prononce, la conclusion de l’Alliance au Sinaï : « Dieu s’engage dans une parenté de sang », écrit le cardinal Joseph Ratzinger. Le sacrement de « la nouvelle Alliance en mon sang versé pour vous », « le sang de l’Alliance pour la multitude » ne généralise pas indistinctement la puissance rédemptrice du sacrifice divin mais rappelle l’événement du sang, la naissance et la circoncision le huitième jour, réitère l’Alliance avec Israël et l’approfondit radicalement.
La nation juive est la nation du sacerdoce et Israël est le peuple-prêtre, le seul peuple au monde qui assure le culte du vrai Dieu : comment s’en détacher ? Sans la vie de ce peuple l’Église n’est rien.
Constituer une Alliance signifie à la fois contracter un lien de sang avec un étranger et entrer dans une communauté de droit avec lui en l’associant dans son propre lignage, rappelle Ratzinger, en l’occurrence la descendance d’Abraham, Isaac et Jacob et la maison de David. « La parenté fictive du sang qui est créée de la sorte fait des participants des frères du même sang. » C’est de cette manière que le Dieu d’Israël s’est lié irrévocablement à son peuple, exactement comme s’il avait lui-même son propre sang à mettre en gage.

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Extrait.
« Aimer une femme c’est être assuré de (la) perdre », écrit Richard Millet dans La Joute. Le privilège conjugal se paie de la fatalité du deuil – éveille à la Politique vraie. Il n’y a ici aucun détachement bon. «Les nôtres », leurs cheveux sont comptés. Que serait le Maître des mondes s’il n’aimait pas à ce point ses créations ? C’est la fidélité à ces sentiments familiaux qui a conduit les organisations israéliennes des familles endeuillées à pousser à la réalisation complète des objectifs de guerre. C’est d’abord par le sang de nos proches que nous tenons au monde d’hier et c’est par lui que nous nous soucions aussi du monde de demain. On ne les touchera pas. Les méchants éprouvent naturellement de la tendresse envers leurs proches, mais enseigne-t-on que cette tendresse procède de l’être-même de Dieu ailleurs que dans la Bible? C’est cette tendresse intime que le Hamas a visée : il l’a violemment déchirée, saccagée, piétinée, et lorsqu’il ne l’a pas tuée il l’a prise en otage…


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« Chaque civilisation a ses propres schémas pour comprendre les événements terribles et transformateurs. Même dans un Occident post-chrétien, l’un des principaux ressorts reste le sacrifice de la victime innocente, ou le témoignage d’un martyr pour une cause plus grande que lui, qui à son tour inspire des partisans. »

Patrick Deneen,
L’Incorrect

 

« petit livre touffu et mal foutu, pas facile à lire mais fulgurant, audacieux, courageux, essentiel pour qui veut connaître les racines de notre bien commun »

Pierre Cormary,
Tribune Juive

 

« Le “sang de l’Alliance” qui agit dans le baptême, sacrement de la nouvelle Alliance, n’est pas sans lien avec le “sang de l’Alliance” qui coule dans la circoncision. L’expression “sang de l’Alliance”, qui vient du livre de l’Exode, est reprise par Jésus dans le récit de la Cène. Le singulier est notable.
On interroge beaucoup la transformation de la notion de chair dans le paulinisme et le christianisme, on s’interroge moins sur celle de sang.
 »

Antoine Guggenheim,
La circoncision