« Réflexions sur un siècle de progrès. » (Extrait.)

L’Holocauste témoigne ainsi du progrès de la civilisation (je dis bien progrès de la civilisation), à tel point qu’un massacre de masse n’est plus considéré comme un crime, et que la souveraineté de l’État peut priver de leurs droits des millions d’êtres humains et les condamner à errer dans le monde des morts vivants. Le processus de sécularisation s’achève donc là où il a commencé. La sécularisation a d’abord été une démystification et limitation du pouvoir souverain. Et finalement l’État séculier a détrôné et démystifié tous les pouvoirs et toutes les morales, hormis les siens propres. L’État devient le seul dieu véritable au monde, armé du pouvoir de définir effectivement ce qui est bien et doit être récompensé, et ce qui est mal et doit être châtié ; ce dieu véritablement souverain dispose aussi de ce pouvoir fondamentalement divin : décider de ceux qui vivront et de ceux qui mourront. […]

Extrait de La Perfidie de l’Histoire, par Richard L. Rubenstein, traduction par Ghislain Chaufour, © Les provinciales.