L’homme, la femme, l’amour, le sexe, le couple, le mariage, la fidélité, le libertinage, la perversion… Des philosophes, Nietzsche, Schopenhauer, Kierkegaard, Heidegger…, plus tard suivis par les psychanalystes, Freud et Lacan notamment, ont redoublé d’efforts pour qu’on y voie un peu clair sur ces questions qui n’ont cessé d’agiter, voire de torturer notre espèce : ce continent noir qu’est la femme, sa jouissance, celle de son partenaire mâle. Cette fois, c’est un écrivain, Richard Millet qui, après hésitation, répond à une demande déjà ancienne que lui avait faite son éditeur, Olivier Véron, d’écrire sur le combat de l’homme et de la femme dans le couple. La guerre des sexes ? Justement pas, à cette définition impropre il oppose la notion de « joute », et c’est dans un riche essai de près de deux cents pages qu’il s’en explique. La forme à laquelle il a recours ? « Comme le jazz, la joute ne se note pas, pas de lois écrites : improvisation sur des thèmes au demeurant restreints car ayant pour enjeu l’amour. » Le refus de répondre, dans un premier temps, à la proposition d’Olivier Véron, est compréhensible : Richard Millet juge que c’est dans son œuvre romanesque qu’il a dit au mieux ce qu’il en était de la joute amoureuse. Les choses les plus profondes écrites sur les femmes par un homme, n’est-ce pas en effet chez les romanciers ou poètes qu’on les trouve, Balzac, D.H. Lawrence, Giraudoux, Joyce, Rilke, Claudel, la plupart côtoyant dans la Joute Péguy, Bernanos, Debord, Girard, mais avec la présence en leur centre du plus engagé dans la quête de cette mystérieuse joute amoureuse, Richard Millet lui-même. Les moments cruciaux de sa vie y sont évoqués dans une langue dont maints extraits ne seront pas sans rappeler au lecteur la densité des aphorismes des grands moralistes du XVIIe siècle.


