Les racines de la foi

J’ai pensé qu’il pouvait être utile, aux approches évidentes des derniers temps du monde et sous la menace des exterminations universelles, de tenter un effort nouveau pour attirer à la lumineuse méditation des Textes Sacrés les âmes égarées dans le labyrinthe pestilentiel des littératures simplement humaines, ou les intelligences enfermées dans la spéculation stérile d’un christianisme exclusivement [c’est Léon Bloy qui souligne] évangélique. Le Nouveau Testament a des racines qui vont jusqu’à l’axe de la terre, et c’est par ces racines que la foi des apôtres et des martyrs doit être représentée dans nos cœurs. Léon Bloy, Le Symbolisme de l’Apparition.

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« La nouvelle alliance entre Juifs et chrétiens », selon Michaël Bar-Zvi.

Après la mort de Pierre Boutang, et surtout peu après le début de la « deuxième intifada », j’ai contacté Michaël Bar-Zvi à Tel Aviv pour l’inviter à prendre part à notre effort de redressement des mentalités (comme disait Ionesco) ; il m’a aussitôt répondu ceci : « Malgré les difficultés que vous pouvez imaginer, je suis décidé à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour convaincre que Pierre Boutang et sa pensée permettent de fonder une nouvelle alliance entre juifs et chrétiens. J’ai lu avec attention votre revue et je crois que vous avez compris cet aspect de sa philosophie et de son engagement. Ceux qui l’ont connu de près, comme moi, savent que c’est essentiel. Ma relation avec lui pendant plus de trente ans me permet sans aucun doute de parler de lui avec une tendresse et une fidélité presque filiales. » (Boutang avait été son professeur de philosophie au lycée Turgot en 67-68.) Après quoi il rédigea de nombreux textes de circonstances pour Les provinciales et nous avons réédité son livre sur Le Sionisme (2002) et publié sa thèse, Être et Exil, philosophie de la nation juive (2006) qui n’enfoncent pas exactement des portes ouvertes : « Le nationalisme se fonde sur […]

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Maurice G. Dantec : « Après tout, nous sortons tout juste du néolithique… »

Une lettre d’outre-mer Objet : « Israël et la France » Cher Olivier Véron, J’espère que vous n’avez pas pensé une seule seconde que je vous ai oublié, vous et les provinciales. Mais je suis en ce moment très occupé par un changement radical avec ce que je pourrais dénommer le « métier ». Je romps définitivement avec l’édition traditionnelle, les explications de cette décision ont été rendues publiques il y a trois semaines environ. La difficulté de l’opération est un peu à la mesure du siècle, ô combien merveilleux, qui nous attend. Je comprends fort bien votre requête et sachez que j’aurais grand plaisir à lire les ouvrages que vous vous apprêtez à publier. Je crois que Taguieff est votre homme. C’est un gaillard solide et réellement érudit, et dont les connaissances « académiques » sur les relations judéo-françaises – et même judéo-européennes – dépassent de très loin les miennes. Je vous épargnerais tous les détails qui forgent la vie d’un écrivain aujourd’hui, mais je suis dans l’obligation regrettable de devoir décliner votre offre, non pas qu’elle me désintéresse, tout au contraire : elle risquerait de détourner durablement mon attention de l’écriture d’un roman pour lequel, je ne vous […]

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Marc Bloch : « Une de nos meilleures raisons de vivre. »

« Dans un monde assailli par la plus atroce barbarie, la généreuse tradition des prophètes hébreux, que le christianisme, en ce qu’il eut de plus pur, reprit pour l’élargir, ne demeure-t-elle pas une de nos meilleures raisons de vivre, de croire et de lutter ? » Testament de Marc Bloch, fusillé à Trévoux le 16 juin 1944.

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Pierre Boutang : « Une parole différente. »

L’origine de cette parole différente se trouve, selon Bossuet, dans l’histoire sacrée, et très précisément dans le premier retour, et le premier usage poétique immédiat des signes, avec la terre promise : « Dans le temps qu’Abraham, Isaac et Jacob avaient habité cette terre, ils y avaient érigé partout des monuments des choses qui leur étaient arrivées. On y montrait encore les lieux où ils avaient habité ; les puits qu’ils avaient creusés (…), les montagnes où ils avaient sacrifié à Dieu et où il leur était apparu ; les pierres qu’ils avaient dressées ou entassées pour servir de mémorial à la postérité (…) Ainsi quand le peuple hébreu entra dans la terre promise, tout y célébrait ses ancêtres ; et les pierres mêmes y parlaient de ces hommes merveilleux, et de ces visions étonnantes par lesquelles Dieu les avaient confirmés dans l’ancienne et véritable croyance. » De là est née la poésie… … du moins la biblique, où les signes ont un sens clair, où les analogies sont des monuments. Pierre Boutang

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Contre-utopie

Si depuis des années nous nous efforçons de faire vivre cette petite maison, « Les provinciales », qui s’intéresse aux événements et à l’articulation du politique et du religieux à partir des relations entre Juifs et « chrétiens », ce n’est pas par exclusivisme, ni par humanisme, ni par humanité mais parce que c’est vital, et parce que les « hypothèses » juive et chrétienne, la question ouverte par l’inscription de la Bible dans l’histoire depuis la nuit des temps demeurent indestructibles. Il est vital en effet pour notre existence concrète d’européen, pour cette civilisation singulière, de veiller au respect de la réalité et de l’histoire, de transmettre la passion de la vérité et de la connaissance, de donner le goût de la liberté, de la responsabilité et de la souveraineté politique ainsi que le courage de les défendre. Nous sommes la civilisation du croisement de « l’homme grec et du Juif » – comme disait dans les années trente cette haute figure de la résistance intellectuelle allemande au nazisme, Theodor Haecker, dont les écrits marquèrent, au séminaire, le jeune Joseph Ratzinger. Ce qu’il y a de fort et de beau dans l’histoire moderne d’Israël, contre-utopie, c’est que c’est la […]

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