Hélène Keller-Lind, Actualité Juive : « Une page d’histoire essentielle. »

« C’est à coup de slogans simples, voire simplistes que sont trop souvent qualifiés aujourd’hui le sionisme et plus encore le sionisme révisionniste personnifié par Jabotinsky. »

 

« On verra ici à quel point ont été déformées la vérité du sionisme, de sa naissance ou de celle de l’embryon de la Légion juive puis de Tsahal, difficiles comme toute naissance, ce que souligne Vladimir Zeev Jabotinsky dans cette étonnante histore de sa vie, On verra aussi à quel point a été déformée la vérité de ce que fut ce personnage hors du commun qui devint l’une des grandes figures du sionisme.
C’est donc à point nommé que vient cette traduction d’« Histoire de ma vie » qu’il écrivit en hébreu en 1947 – ce polyglotte, traducteur, qui ne s’intéressa à cette langue qu’assez tardivement. Dans cette partie de son autobiographie qui va de la « majesté du shabbat » de ses souvenirs d’enfant à l’une des erreurs qu’il admet avec une franchise remarquable, qui lui fit refuser de tenter de rejoindre l’état-major britannique comme l’occasion lui en était donnée, ce qui aurait pu hâter la création de la Légion juive, au rôle crucial, dont il fit l’une de ses missions. Et il évoque aussi, bien sûr, le peuple yiddishisant de Russie et quelques pogroms.
Dans ce récit passionnant à l’écriture fluide, car ce journaliste dans ,l’âme a écrit dans plusieurs langues pour maints titres qu’il contribua à créer ou pas, il nous livre une page d’histoire essentielle qui nous emmène de la Russie tsatiste ou « printanière » à l’Italie d’Antonio Labriola ou de la Renaissance italienne, en passant par Alexandrie ou Gabarri en Égypte et, bien sûr, Whitechapel et Westminster, avec, quelques crochets importants par la Turquie ou Eretz Israël. Entre autres et sans oublier la case prison. Quant aux personnalités marquantes de cette période, qu’elles soient juives, comme Trumpeldor, Weizmann, Herbert Samuel, le « géant » Herzl, quelques muletiers ordinaires, ou pas, comme le Colonel Patterson ou Lord Kitchener, il en dresse des portraits saisissants qui éclairent le déroulement de l’histoire. Son traducteur, Pierre I. Lurçat, évite au lecteur de rester sur sa faim, car le récit de Jabotinsky s’arrête en 1920. Il nous livre, en effet, la suite des aventures de ce personnage atypique dont le rôle et l’influence furent à sa mesure. Un ouvrage à lire et relire, assurément. »

Hélène Keller-Lind, Actualité Juive N°1189, du 15 décembre 2011

• présentation complète du livre